Le peuple Ouïghour est-il pris au piège par les grandes enseignes de l’industrie de la mode ?

Le peuple Ouïghour est-il pris au piège par les grandes enseignes de l’industrie de la mode ?

Zara, Adidas, H&M, Nike... autant de grandes marques qui ont recourt au travail forcé des Ouïghours en Chine.
Le no gender est-il l’avenir de la mode ? Vous lisez Le peuple Ouïghour est-il pris au piège par les grandes enseignes de l’industrie de la mode ? 5 minutes Suivant 3 alternatives végétales au cuir animal

Chez Homère, vous le savez, on parle de tout et surtout des sujets importants. Celui-ci en fait bel et bien partie, puisqu’il challenge des sujets extrêmement importants tels que le respect de l’Homme, le respect des Droits de l’Homme, le droit aux conditions de travail décentes. Si la mode peut nous divertir et nous enrichir au quotidien, elle nous engage aussi car acheter telle ou telle pièce, c’est quelque part cautionner la façon dont les vêtements sont fabriqués, des matières utilisées aux conditions dans lesquelles les personnes concernées travaillent. Si des efforts sont faits dans l’industrie de la mode concernant l’environnement et la qualité des tissus utilisés, d’autres restent à faire concernant les conditions de travail des ouvriers du textile. Et si certaines marques ne sont pas totalement transparentes sur ces points, on pense que c’est important d’être informé, toujours dans cette idée de faire ses choix en pleine conscience. The secret of your future is hidden in your daily routine. Lancées dans la course à la surproduction et à la réduction des coûts, certaines marques perdent le contrôle de la chaîne de fabrication et considèrent alors que leurs responsabilités se délitent au fur et à mesure des intervenants. Et c’est bien pour cette raison que des marques populaires telles que Zara, H&M, Nike, Adidas, Lacoste sont aujourd’hui accusées d’exploiter la minorité ouïghoure réprimée en Chine dans leurs usines. You’re gonna be pissed.

Les ouïghours, peuple réprimé par le gouvernement chinois…

Le peuple Ouïghours, turcophone et religion musulmane, est l’une des 56 ethnies qui composent la République populaire de Chine. On en compte aujourd’hui 11 millions sur le sol de la région Xinjiang - qui signifie “nouvelle frontière” en chinois. Cette région est définie comme "autonome sous souveraineté de Pékin". Seulement, à l’origine, les Ouïghours ne sont pas de culture chinoise et le Xinjiang a été intégré à l’Etat en 1759, ce qui lui a permis d’étendre son territoire et donc ses frontières. Parce qu’ils ont une culture différente et minoritaire, ce peuple a subi tout au long de l’Histoire de nombreuses répressions et celle mise en place aujourd’hui par le gouvernement chinois suit de près l’arrivée au pouvoir de XI Jinping, secrétaire général du Parti communiste chinois depuis 2012 et président de la République populaire depuis 2013. Officieusement, les experts pensent que le régime chinois a cette volonté de créer une culture nationale unique, pour faire disparaître toute forme de contestation qui remettrait en cause sa souveraineté. Officiellement, c’est parce que la Chine lutte contre le terrorisme et le radicalisme musulman qu’elle souhaite “régler ce problème ouïghours” et qu’elle met en place des “camps de rééducation” dans lesquels au moins 1 millions de personnes seraient détenues selon l’ONG Human Rights Watch. Aussi appelés “camps de transformation par l’éducation”, ils sont tout simplement qualifiés de camps de concentration par plusieurs pays et ONG qui dénoncent des conditions de détention frôlant l’irrespect des droits de l’Homme. You have the right to remain silent but we don’t recommend it.

… et une main d’oeuvre idéale pour les industries textiles

Puisque que le peuple Ouïghours est réprimé et contrôlé par le régime chinois, d’autres dérives en plus des “camps de rééducation” apparaissent. Jessica Bertaux, journaliste et réalisatrice du documentaire Nouveau scandale de l’industrie de la mode, raconte que : “Des centaines de milliers de Ouïghours seraient transférés non seulement dans les usines high-tech et textiles du Xinjiang, mais aussi dans toute la Chine. C’est l’une des conclusions du rapport du think tank australien à l’origine des révélations Ouïghours à vendre”. Au total, en 2019, on compte 83 entreprises étrangères et chinoises qui - à un moment ou à un autre dans leurs chaînes de fabrication - ont eu recours au travail forcé des Ouïghours par le biais de “programmes de transferts de main d'oeuvre" sans doute démesurés. Parmi elles ? Zara, H&M, Nike, Adidas, Lacoste, mais aussi Calvin Klein, The North Face, Polo Ralph Lauren, Puma, Tommy Hilfiger, Uniqlo, Victoria's Secret… sans évoquer les marques de la tech. Le collectif Les Colleuses, connues pour leurs slogans placardés sur les murs de Paris, s’empare de la cause des Ouïghours et explique que : «Non seulement ces usines enfreignent les lois interdisant l’importation de biens produits en ayant recours au travail forcé, mais participent aussi activement à la violation régulière des droits de l'homme, prenant part à un véritable génocide (...). Par conséquent, consommer des produits issus de ces marques revient à être complice de ces crimes.» Et si elles avaient raison ? où est notre responsabilité en tant que consommateur ? En achetant les vêtements de ces marques, on fait partie du système qui prône le “toujours moins d’investissement pour toujours plus de produits vendus”. Et peut-être qu’en étant conscient de ce qu’il se passe en coulisse, on pourrait avoir envie de changer les choses, à notre échelle. On pourrait apporter notre pierre à l’édifice. Vous savez ce qu’on dit : “le savoir, c’est le pouvoir”. Go get them !

Merci de lire Homère.

Laisser un commentaire

Tous les commentaires sont modérés avant d'être publiés.

Ce site est protégé par reCAPTCHA, et la Politique de confidentialité et les Conditions d'utilisation de Google s'appliquent.

Paiement en ligne

100% sécurisé